Michel Thomas- Penette

Biologiste de formation et ancien directeur de l’Institut européen des Itinéraires culturels, il a toujours manifesté un grand intérêt pour la création artistique et l’écriture et il les a rassemblées en une seule passion, mettant en œuvre un programme lancé par le Conseil de l’Europe il y a 26 ans. Les itinéraires culturels européens regroupent de grands thèmes de coopération européenne, dans les cultures artistiques, scientifiques et techniques. Du ver à soie aux parcs et jardins… la biologie se marie ainsi à l’architecture romane et à l’itinéraire du livre…Il est aujourd'hui Délégué Général du Réseau des Villes Thermales Historiques EHTTA.

Date Ville Interventions Résumé Média
2014-04-17 Baden Baden Le roman interactif - Michel Thomas-Penette

Le roman interactif fait partie du projet SOURCE. Il permet d’entrer en relation avec le public via le transmedia. Dans ce roman, il y a quatre personnages. Ils vont parcourir l’Europe dans les pas de personnalités historiques européennes qui se sont croisées dans les « Cafés de l’Europe », ces salons littéraires, qu’ont constitué les grande stations thermales du XVIIIe jusqu’au début du XXe siècle. 

Les quatre personnages : 

-Valery : c’est le narrateur du roman, mais aussi l’un des personnages. C’est un voyageur, un imaginatif, qui lit énormément, parle et écrit plusieurs langues et correspond avec des centaines d’amis. Il possède beaucoup de traits de Valery Larbaud (1881-1957).

-Clara : Elle a à peine trente ans. C’est une musicienne surdouée qui joue aussi bien du piano que de l’orgue électronique et chante à l’occasion. Ce personnage est largement fondé sur la vie et le parcours de Clara Schumann (1819-1896).  

-Charles Joseph : La trentaine à peine dépassée, il est sportif, joueur et fréquente les casinos. Il cache son érudition et une connaissance approfondie des milieux diplomatiques et des grandes familles sous une nonchalance naturelle et une stratégie de séduction. Il possède de forts rapports avec un personnage historique apparenté à sa propre famille : le Prince Charles Joseph de Ligne (1735-1814). 

-Georg : Il approche de la cinquantaine. Il a établi son cabinet médical au centre de Rome et exerce deux activités complémentaires : la médecine thermale avec une spécialisation en psychothérapie et psychanalyse. C’est un épicurien, calme et ordonné qui emploie l’hypnose. Il possède des rapports professionnels et typologiques évidents avec Georg Groddeck (1866-1934). 

Au cours de chaque Café de l’Europe, les personnages auront l’occasion, par l’intermédiaire de monuments historiques et du patrimoine qui constituent autant de décors ou de « scènes », de rencontrer le romancier, les fans et les adeptes qui contribuent à l’écriture du roman sur les plateformes de médias sociaux. 

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2014-04-17 Baden Baden Conclusion - Michel Thomas-Penette

A la fin de ce quatrième Café de l’Europe au cours duquel nous avons entendu un débat passionné sur la place de la musique aujourd’hui dans une ville comme Baden-Baden qui possède une longue tradition dans ce domaine, j’ai été particulièrement frappé du fait que la question principale ait porté sur la place et l’intérêt des jeunes aujourd’hui pour la musique dite « classique ». 

Je pense bien évidemment à la confrontation et la rencontre des époques qui s’est faite grâce aux acteurs du Théâtre de la Ville de Baden-Baden et à ceux venus de l’Alsace voisine et du Théâtre du Marché aux Grains. Grands musiciens du passé qui ont vécu à Baden-Baden et où dont on peut encore voir et même visiter les lieux de vie : Clara Schumann et Johannes Brahms, eux-mêmes en relation avec toute l’Europe de la musique, d’un côté et de l’autre les personnages du roman interactif « Aux Sources de l’Europe », Hommes et Femmes Livres portant avec eux les textes des visiteurs du passé : Nicolas Gogol, Fédor Dostoïevski , Mark Twain, textes qui nous aident à mieux comprendre le caractère vivant du patrimoine thermal dans un cadre contemporain.

J’imagine aisément que le personnage du roman interactif Clara, la plus jeune de tous, poserait une question d’évidence : « Comment peut-on s’y prendre pour que les gens de mon âge s’intéressent aux patrimoine et aux personnalités du passé qui ont fréquenté les villes thermales ? » Et j’aurais envie de lui répondre, puisqu’elle est musicienne : « Bien évidement en raison des festivals de musique ». Les Francofolies de Spa en Belgique attirent des centaines de milliers de spectateurs, sans parler du jazz au Mont-Dore ou du formidable rassemblement du Sziget Festival qui a lieu chaque année à Budapest au mois d’août. 

Mais après avoir écouté attentivement l’introduction du  Professeur Peter Steinbach sur la dimension historique du passé musical prestigieux des villes thermales et la lecture émouvante des échanges de lettres entre Clara Schumann et Johannes Brahms, j’ai surtout envie de lui répondre : « Clara Schumann est notre contemporaine. » C’est une femme d’aujourd’hui, passionnée, accomplie, compositrice, interprète, mère de famille nombreuse, amoureuse d’un mari génial qu’elle accompagne souvent comme un enfant jusqu’à la folie. Une femme qui travaille sans relâche entre l’organisation de la vie quotidienne, l’organisation des concerts, la composition musicale, les rencontres intellectuelles et à qui pourtant l’histoire de la musique n’a pas suffisamment rendu justice. 

Et dans une grande mesure, tous ces gentils fantômes que nous rencontrons dans les villes thermales et qu’on nous présente souvent avec une certaine nostalgie et un air compassé, ont été jeunes,  passionnés, inventeurs. Valery Larbaud a passé sa vie à tomber amoureux ou en tout cas à chercher à séduire. Cesare Pavese s’est suicidé par amour. Des sentiments éternels se sont joués dans ce qui aujourd’hui nous apparaît comme des décors de film, mais qui ont été et sont restés des lieux d’inspiration et d’utopie.

Il nous faut remercier les intervenants, les acteurs et tout particulièrement le Professeur Bernd Glemser qui a fait vibrer la musique de Johannes Brahms. Tous nous ont aidés à faire ensemble un voyage actif dans le temps.  C’est la grande historienne Marie Louise Gräffin von Plessen qui, en préparant l’exposition d’interprétation historique de la Ville de Weimar, Capitale européenne de la Culture en 1999 définit je crois le mieux ce va et vient temporel : « Le principe informatif du voyage dans le temps peut être considéré comme une sorte de partition. Il s'agit d'un « cabinet de curiosités » immatériel, sans cimaise ni vitrine, une sorte d'encyclopédie que l'on peut enrichir selon son désir en d'autres lieux et d'autres époques. Le visiteur qui suit cet itinéraire de lieux de mémoire à travers les rues et les parcs de Weimar, quitte le présent afin de mieux le comprendre... Dans un espace de références, les phénomènes sans rapports se rencontrent sur des lieux et dans le temps mémorisé par le spectateur. Le voyage dans le temps réunit l'espace et le temps comme un modèle historique et culturel, détruisant les concepts traditionnels tels que la chronologie. L'évocation simultanée de différentes époques fait émerger des mondes parallèles. A travers la concentration des dates et des faits, le voyageur de l'histoire perçoit le passage du temps. »

Et nous continuerons ce merveilleux parcours en Belgique, en Italie et au Royaume-Uni dans les mois qui viennent avec d’autres visiteurs du passé, devenus nos contemporains.

Merci à tous.

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