Interventions

Retrouvez toutes les interventions qui se sont déroulées lors du café de l'Europe d'Acqui Terme

Date Interventions Intervenants Résumé
2014-10-17 Michel Thomas-Penette - Introduction Michel Thomas Penette (FR)

Je suis heureux d’ouvrir ce septième Café de l’Europe dans le cadre historique d’une salle qui jouxte un véritable Café dont le Style Liberty rappelle les heures fastes où les personnalités que j’imagine vêtus d’élégants costumes de lin et de robes à la dernière mode des cours d’Europe, prolongent l’heure du repas dans une atmosphère de discussions diplomatiques dont les grandes questions politiques ne troublent pas la nonchalance et la nostalgie des heures heureuses. 

Une atmosphère où les conflits en cours ne bloquaient pas forcément les frontières aux voyageurs mystérieux, aux diplomates anxieux, aux dandys virevoltants, ou aux historiens épuisés par leurs recherches, tous venus chercher dans le Grand Hôtel des Thermes un repos et une cure pour écrire ensemble les épisodes d’une histoire à la recherche d’une paix retrouvée : celle du corps et celle des hommes.

Nous sommes donc réunis dans un Café et nous savons tous combien nous apprécions le café italien : court, parfumé, long en bouche. Mais dans cette salle qui réunit les organisateurs des sept autres Cafés de l’Europe, nous pourrions aussi évoquer le café de Spa accompagné de spéculos, celui de Baden-Baden où le plaisir n’est complet qu’en y ajoutant de la crème un peu épaisse, ou bien encore la liqueur café d’Ourense propice à la convivialité des heures tardives et très certainement le thé du milieu de l’après-midi qui nous attend à Bath, accompagné de quelques muffins. Et je n’oublie pas pour autant le café turc  qui nous sera servi à Bursa à la fin de l’année prochaine.

Autant de « manières de table ». Autant de formes de convivialité propres à chacun des pays qui composent le kaléidoscope d’EHTTA.

Mais nous nous retrouvons aujourd’hui dans l’idée d’examiner ensemble comment l’histoire de l’Europe a construit nos villes, en a constitué la substance humaine et intellectuelle, parfois malgré elles et parfois contre elles quand l’Europe était entraînée dans le tourbillon des conflits. 

Ce rassemblement est riche par lui-même d’une diversité d’histoires et de personnages, d’architectures et de lieux d’accueil qui ont tissé l’histoire commune de l’Europe, qui nous ont constitué comme des Européens, responsables d’un héritage, d’un patrimoine et d’une culture.

S’engager à relire ensemble cette histoire et à en raconter les histoires comme si des personnages amis, juste un peu oubliés, revenaient nous visiter aujourd’hui, constitue un défi et surtout un engagement de tous ceux qui tracent la route d’un siècle à l’autre, d’un regard émerveillé à un autre.

Erik Orsena décrivait en peu de mots dans « Villes d’eaux » cette surprenante constance de l’atmosphère des villes thermales dont nous avons la charge et le devoir d’assurer ensemble la continuité moderne : « Les villes d’eaux sont fécondes et alimentent tous les mythes et toutes les interprétations. A l’heure des cocktails, quand on s’habille pour les soirs, qu’on passe sur son visage les dernières couches de couleur, quand le crépuscule tombe, c’est l’instant des histoires chuchotées à mi-voix, des mystères contés dans la pénombre. Valery Larbaud dit l’ennui des jeunes filles immobiles, comme paralytiques de leurs propres émois. Milan Kundera y fait danser les dernières valses, celles de tous les adieux. Katherine Mansfield y reconnaît la longueur des jours et y mesure les règles d’une société, l’ordre d’une Allemagne. On se raconte les aventures de Rousseau à Enghien, quand une société de dames tenait salon au bord du lac, ou celle de Lamartine à Aix. »

Nous sommes un rassemblement et donc un espace de partage. Et cette histoire doit continuer grâce à nous !

Merci à tous d’y contribuer !

2014-10-17 Enrico Silvio Bertero - Discours d'ouverture Enrico Silvio Bertero (IT)

Cet évènement important fait partie d’un projet européen dont la durée est de deux ans, intitulé « Sources de culture : les Cafés de l’Europe ». Il regroupe onze partenaires, provenant de six pays européens. Son but principal est de sensibiliser les citoyens européens à la richesse du patrimoine culturel des villes thermales européennes.

Nous nous sommes inspirées des « Cafés de l’Europe » du 19ème siècle, où les villes thermales étaient des lieux de cure mais aussi des lieux de rencontres intellectuelles où ont été discutées les grandes questions politiques en appréciant la création artistique contemporaine et l’organisation de débats d’idées.

La ville d’Acqui Terme est honorée d’accueillir le 7eme Café de l’Europe, avec l’organisation de deux tables rondes européennes sur la culture, la littérature, l’architecture, l’histoire et les loisirs dans les villes thermales ; en parallèle du 47ème Prix Acqui Storia, dédié à la mémoire de la « Division Acqui » et de son sacrifice, réalisé en Septembre 1943 dans les îles ioniennes de Céphalonie et Corfou.

Nous sommes heureux que cet évènement d’envergure européen ait lieu en même temps que les journées dédiées au Prix Acqui Storia dans l’année qui inaugure une nouvelle Europe politique.

2014-10-17 Giuseppe Bellandi - Discours d'ouverture Giuseppe Bellandi (IT)

Chers amis et délégués européens,

Votre présence au 7ème Café de l’Europe d’Acqui Terme est particulièrement importante et souligne l’importance du projet SOURCE qui invite beaucoup de nos villes thermales à organiser une série de rencontres européennes.

L’histoire des villes thermales basée sur le patrimoine thermal offre la possibilité d’explorer notre continent en créant une « vision européenne » de notre histoire thermale commune. Nous avons besoin d’une nouvelle interprétation du passé pour comprendre le patrimoine européen qui transcende les frontières nationales et sait en même temps comment faire revivre les identités nationales, régionales et locales afin de construire une « maison commune européenne ».

Nous sommes à Acqui Terme, dont les origines sont antiques, où nous sommes accueillis avec joie et qui va nous surprendre comme lors des manifestations précédentes.

Nous remercions nos invités avec la certitude qu’ensemble nous traverserons des journées de sérénité et connaissance,

Bon « Café »

2014-10-17 Eleonora Berti - Discours d'ouverture Eleonora Berti (LU)
2014-10-17 Augusto Grandi - Augusto Grandi (IT)

Les estimations indiquent que le secteur du thermalisme et du bien-être va se développer au cours des prochaines années, avec un taux de croissance moyen de 10% au niveau international. 

Cette augmentation n'est pas tout à fait homogène. En effet, en dehors de quelques exceptions, les villes thermales historiques rencontrent des difficultés plus ou moins cohérentes sur un marché de plus en plus compliqué.

D'autre part, les centres de bien-être se multiplient, s’agrandissent et enregistrent une croissance constante. Il est donc évident que nous avons en face de nous deux concepts de bien-être différents. D'un côté, les thermes considérés comme un endroit pour les personnes âgées et les personnes malades et de l’autre, les centres de bien-être qui offrent une image attractive et dynamique qui fait davantage appel à des personnes plus jeunes.

Ce n'est pas seulement dû à un manque de communication, plus le fait que les stations thermales n’ont pas connu ou n'ont pas été en mesure d'investir suffisamment afin de continuer à offrir les services que les clients attendent. 

De grands hôtels ont été transformés en d’immenses hôtels spacieux accompagnés d’une offre thermale inadaptée. Cependant de charmantes petites villes qui ne sont plus en mesure d'organiser des activités avec une offre culturelle de haut niveau, proposent à la place des divertissements modestes avec des événements occasionnels.

Il est essentiel de concurrencer à nouveau les offres des centres de bien-être.

2014-10-17 Alessandro Federico Martini - Alessandro Federico Martini (IT)

Depuis l'époque romaine, et plus tard pendant la période médiévale et depuis le 17ème siècle, la boue et les eaux curatives sont les ressources avec lesquelles Acqui a construit son identité, avec une architecture intéressante pour les traitements et l’accueil. 

Marqué par certaines réticences en relation avec les splendeurs et les plaisirs de ce monde, Acqui confirme sa vocation vers un thermalisme médicalisé au cours du 19e siècle, avec la construction de bâtiments (en avance sur son temps par rapport au reste du pays) destinés à une clientèle spécifique comme l'armée ou la classe populaire.

La ville d’Acqui, une ville dédiée aux soins plutôt qu’aux loisirs, est profondément différente des stations thermales internationales de loisir qui se sont énormément développées durant la période de la Belle Epoque. 

L’art Nouveau n’a pas laissé de bâtiments remarquables derrière lui, alors qu’au début des années 1910 et 1920, l’Antiche et le Nuove Terme ont fait naître de spectaculaires projets hypothétiques capables de stimuler de nouvelles ambitions au niveau de la qualité architecturale et urbaine. Ce sont les projets d’Antonio Vandone venant de Cortemilia, d’Ugo Giusti et de Pietro Betta. Ils ont été présentés entre 1917 et 1927, mais jamais terminés.  

Avec peu d’ambitions et de résultats architecturaux durant les années du Fascisme, l’équipe locale termine le Nuove Terme et la piscine thermale, afin de faciliter l’utilisation des Termes pour des gens « en bonne santé ». C’est seulement plus tard, après la guerre, qu’une nouvelle phase prend son envole, dirigé par le Service National de Santé. 

2014-10-17 Carlo Prosperi - Carlo Prosperi (IT)

En 1585, un noble venant de Casale, Orazio Navazzotti, a fait l’éloge des origines des sources thermales dans un court poème étiologique Idralea, dédié à Federico Sangiorgio, le Commentateur de Jérusalem. C’est un opéra encomiastique qui retrace Ninfale fiesolano del Boccaccio et la tradition du drame pastoral. Tandis que la Renaissance privilégie les explications mythologiques d’un phénomène naturel, Les Lumières les étudient avec une approche scientifique. Le sens des choses et leurs fondements symboliques ou morals n’est plus recherché, c’est la perspective de la virtuosité qui prévaut sur la « carità del nation loco » le fait de rendre visible l’origine des événements emphatiques des merveilles locales. Tout comme un sonnet du 18ème siècle de Mantovano Gianmaria Galeotti et un autre du Docteur de Novara Filippo Zaffiri. Le court poème La Bojenta or rather the Bollente spring from Acqui écrit par l’abbé don Luigi Lingeri (1816) est plus intéressant encore. La Bollente donne l’occasion de faire une excursion, dans un style spirituel et continue, parmi les « merveilles » de la ville, décrites dans la superbe histoire comme un paradisum delitiaru. Les anecdotes de la vie quotidienne embellissent l’agréable causerie. 

Un différent presque romantique se fait sentir dans les écrits de Jules Michelet. Alors que Martin Piaggio raconte son Viaggio ai bagni di Acqui en octosyllabes rythmées pleines de verve et vis comica, en étant attentif à sa perte de considération social (dû à la perte de son auréole), le poète décrit les Termes comme des endroits bizarres et carnavalesques. 

En 1870, Jacopo Canepa a participé à la démonstration d’un sonnet à une rime portant sur les bains de boue d’Acqui.  Deux sonnés improvisés de 1913 mélangent la Bollente à la Barbera – par Gaudenzio Miglio et un laudatio temporis acti dans des vers non dépourvu de polémiques inexprimées. 

2014-10-17 Giovanni Rebora - Giovanni Rebora (IT)

Les soi-disant « guides des curistes » ont été créés au milieu du 19ème siècle. Ils ont pour but de fournir des informations sur l’eau et les traitements disponibles dans les divers centres thermaux. A l’intérieur, il y avait aussi des informations sur le patrimoine historique et touristique. 

Au 19ème siècle, une étude succincte datée de 1807 a été faite pour le compte de l’inspecteur français de l’Hôpital Militaire Jean Charles Lesne sur « la ville d’Acqui » et ses sources thermales. Des essais scientifiques portant sur les aspects chimiques des eaux et donc des volumes monographiques sont devenu progressivement des guides à destination des curistes. Parmi ces guides, il y a eu : L. Granetti, “Cenni sulle Terme di Acqui”, Torino 1841; Padre I. Ratti, “Le Regie Terme di Acqui”, Milano 1844; G. Lavezzari, “Guida ai Bagni d’Acqui...”, Acqui 1869; P. Schivardi, “Giuda ai Bagni d’Acqui”, Milano 1873; e D. De Alessandri, “Acqui le sue Terme e i suoi dintorni”, Acqui 1888. Le premier à décrire le nouvel établissement thermal, qui à ouvert en 1879 dans le centre ville ou “Nuevo Terme”, fut le directeur de la santé des Termes d’Acqui. 

Au 20ème siècle, les « guides thermaux » ont continué à être produits. Parmi ceux-ci, on peut citer ceux de: F. Meda, « « Le Terme di Acqui » Le loro vicende. I loro problemi”, Acqui 1916. D’autres étaient plus portés sur les problèmes de santé, comme: “Le Terme di Acqui” by S. Pisani,  Firenze 1927.

Grace à ces publications, il est possible de comprendre l’évolution des structures thérapeutiques et celles des hotels thermaux. Cela permet aussi d’identifier les changements concernant les types de traitements et les méthodes d’administration. 

2014-10-17 Lionello Archetti Maestri - Lionello Archetti Maestri (IT)

Le thème que Lionello Archetti Maestri a souhaité aborder est dédié aux expressions que les habitants d’Acqui Terme utilisaient il y a peu pour décrire les « étrangers » qui venaient utiliser les Thermes, qui, avant la grande propagation de l’ « amaro e reo caffè » venaient fréquenter la ville. 

Il a souhaité parler de Mr tout le monde : en commençant par Niccolò III d'Este, le mari de la Parisienne chanté par Byron, jusqu’au chenapan anonyme qui s’est retrouvé avec un bras et une main paralysés à cause d’une lapidation, et qui a été guéri en seulement huit jours. 

Il n’oubliera jamais les humanistes comme Betussi, les soldats comme l’Amiral cupide de focaccia salée, fourrée au Nutella. Il se rappellera qu’il y a pu y avoir, jusqu’au dernier siècle, des cocottes et des gigolos. 

L’aventurier Celso Cesare Moreno, vizir du sultanat de Sumatra, l’homosexuel mélancolique et appauvri Maharaja, les espions, les vacances solitaires d’Alice B. Toklas, les personnalités de l’Hôtellerie comme l’incomparable concierge Bussi, l’administrateur compétant Ambrogio Michetti, le clairvoyant homme d’affaire Francesco Cirio et l’insouciance de Mosè Osmo Morris. 

Il ne pourra jamais oublier les médecins de Guainerio à Malacarne jusqu’au Professeur Donati persécuté. La « Compagnia dei fangaroli » dont les représentants qui, durant la première moitié du 19ème siècle « non diu vivunt”, étaient voués à  sauter constamment dans l’eau pour récolter la boue. 

Il a réservé un moment à tous les architectes qui ont contribués, aux cours des siècles, à la formation des villes d’eaux.  

2014-10-17 Annunziata Berrino - Annunziata Berrino (IT)

Annunziata Berrino présente l’histoire des Termes d’Italie à travers la projection de nombreuses images qui décrivent comment étaient utilisés les bains en Europe pendant la moitié du 18ème siècle. C’est un phénomène qui s’est répandu comme un feu et à donné vie à de nombreuses histoires passionnantes : les scientifiques, les médecins, les politiques, les institutions, les entrepreneurs, tout le monde s’intéresse à l’eau thérapeutique. A partir du début du 19ème siècle on assiste à une augmentation de la fréquentation des bains qui deviennent plus populaires, laissant place à une production culturelle riche et inattendue.  Les théâtres, la musique, la littérature, l’art, les illustrations, les écrits – tout le monde crée pour les curistes. 

Sans oublier que l’expansion de cette pratique thérapeutique était l’occasion pour l’architecture, l’hydraulique, l’urbanisme de bâtir de magnifiques places, où les hommes et les femmes allient soins du corps, loisirs et détente. Jusqu’à aujourd’hui, quand l’eau thérapeutique et les bains font parti d’un grand complexe, cela influe sur la qualité de l’air, de la nourriture, des soins du corps et de l’esprit, de l’enseignement et du refus des produits artificiels et de la recherche du bien-être total. 

2014-10-17 Aldo Alessandro Mola - Aldo Alessandro Mola (IT)

C’est en 1870, au commencement de la guerre Franco-Prussienne que les Thermes furent construits. Le 1er Juillet 1914, trois jours après le magnicidio de Sarajevo, le ministre des affaires étrangères, Antonino di San Giuliano, a informé le premier ministre, Antonio Salandra, qu’il était sur le point de quitter Rome pour aller à Fiuggi où il était en contact direct avec le Consulat. 

Mais en Aout 1911, c’est précisément le moment où les Termes de Fiuggi sont devenu le laboratoire de guerre contre l’Empire Ottoman-Turque pour régner en Tripolitania et en Cirenaica. 

Acqui a rappelé en Septembre 1904 Giuseppe Saracco, président du Sénat (et président du conseil des Ministres), homme d’Etat rationnel, au poste de « notaire de la Couronne » dans l’acte notarié solennel de la naissance du Prince Royal. Réticent à l’idée d’avoir des contacts avec les journalistes et les photographes qui se bousculaient aux Thermes, l’homme d’Etat préférait ceux qui étaient Français, en particulier ceux de Vichy. Il appelait cette ville « le paradis des médecins ». 

Lorsque les superbes Termes de la « Bollente » ont accueilli diverses personnalités et même des rivaux, forcés à défiler en public, les uns à côté des autres, même s’ils se détestaient. C’était le cas du Marchal Pietro Badoglio et du Marshal dell'Aria Italo Balbo...

Des endroits chargés d’histoire, et de sombres complots, favorisés par une atmosphère rassurante et réconfortante des eaux, qui apportait du bien-être même durant dans les moments les plus tourmentés. 

2014-10-17 Michel Thomas Penette - Conclusion Michel Thomas Penette (FR)

Je débutais cette réunion en parlant de lieux d’exception, de lieux de dialogue, de lieux vivants dont nous prolongeons la vie. 

Nous venons de terminer en écoutant les magnifiques écritures...j’ai failli dire les « voix » de deux écrivains européens – Cesare Pavese et Jean Giono - liés par leurs origines et par leur vie à la Région du Piémont et pour lesquels le voyage immobile a constitué un moyen étonnant pour transformer l’ancrage territorial en un sentiment d’universel.

Voyager ce n’est donc pas forcément parcourir, se déplacer physiquement, c’est aussi rêver et retrouver des mythes universels qui ont permis à Homère de raconter - en mentant - les voyages d’Ulysse et à Jules Verne de parcourir les Carpates, de s’enfoncer au plus profond des mers, de prendre un ballon pour découvrir de haut des terres lointaines, de voyager dans l’espace, tout cela sans quitter sa chambre d’écriture. 

Jean Giono racontait sur une radio nationale française dans les années soixante que sa conception du roman était celle de la prolongation du rôle et de la place du conteur itinérant. Homère prolongeait lui-même par son écriture le travail de tous les rhapsodes allant de cité en cité pour broder indéfiniment la trame d’un voyage qui s’enrichissait des réactions des publics qu’ils rencontraient. Mais Jean Giono ajoutait perfidement que si André Gide avait dû gagner sa vie enlisant ses propres textes sur la place des villages, il serait mort de faim ! Conter, ce n’est pas simplement écrire, c’est entrer en osmose avec le public et ouvrir une porte à sa participation directe.

Conter, c’est aussi mentir vrai. On dit encore que  « L’écrivain est du côté du non savoir, ce qui ne l’empêche pas pour autant de faire œuvre de pédagogue. » On pourrait ajouter que l’imagination, comme la sociologie ou l’histoire - au sens de Pierre Bourdieu ou de Fernand Braudel - est « un sport de combat ». Et nous avons pu aujourd’hui écouter des historiens qui nous ont permis, en évoquant les pratiques religieuses de l’antiquité jusqu’à celles, hédonistes, de la postmodernité des loisirs, d’apprendre à raconter, à interpréter et à dialoguer au-delà des frontières.  

Chercheurs d’un côté, écrivains de l’autre, ils nous ont tous pris par la main pour nous permettre de relire, de tous nos sens, ces cités idéales, parfois même ces décors de cinéma qu’évoque magnifiquement Bernard Toulier en 1994 : « Ces lieux de villégiature sont aujourd’hui des villes à forte identité patrimoniale. Elles sont conçues comme des cités idéales pour réparer les méfaits de la ville industrielle, guérir le corps malade et lui donner les bienfaits du confort et du bien-être. » 

Et il ajoute : « Cet héritage est un gage de leur modernité et sa transmission leur seule chance de survie. »

Merci à tous de votre présence et rendez-vous à Bath, dans une autre de ces cités idéales.

2014-10-17 Présentation du huitième Café de l'Europe –




Vidéo